Les contes de Pére Pingu

Rêves d'Elanta

Il fredonna longuement cet air jusqu'à ce que la fillette soit endormie et resta un moment à se balancer sur la chaise, le regard triste. Puis, lentement, soucieux de ne pas réveiller l’enfant, il se leva, traversa le long couloir qui menait à une petite chambre. Là, il plaça l’endormie dans son petit lit et déposa un baiser sur son front avant de la border. Refermant lentement la porte, l’homme murmura :

«Bonne nuit ma petite Leï, ne te fais pas attraper par un cauchemar.
- Bonne nuit papa, répondit-elle dans son sommeil ».

Leï n’en croyait pas ses oreilles. Cette fillette, paisiblement endormie, c’était donc elle ! Elle resta un long moment à l’observer silencieusement. Ce visage, elle commençait à s’y habituer.

Soudain, un bruit métallique résonna à l’autre bout du couloir, brisant le calme de la demeure. La curiosité de Leï la poussa à en chercher l’origine. Son père était en train de revêtir une armure, et, alors qu’il s’apprêtait à passer le seuil de la porte, dans le froid glacial d’une nuit enneigée, sans vraiment comprendre pourquoi, Leï se mit à hurler :

« Papa, j’veux pas qu’tu t’en ailles ! »

Sa voix résonna en écho. La petite, qui avait été réveillée par le bruit, avait hurlé en même temps qu’elle. Le cliquètement de l’armure s’arrêta et l’homme qui se trouvait à l’intérieur, sans se retourner, dit :

«Leï, je ne voulais pas que tu me voies partir, tu aurais du rester couchée, comme ta mère»

Puis, après un bref instant d’hésitation, il partit en courant. Leï vit alors l’enfant passer à ses cotés pour se lancer à la poursuite de son père dans les rues de la ville, mais, rapidement, à cause de ses trop petites jambes, elle perdit sa trace.

A bout de forces, la gamine s’effondra dans la froide poudre blanche. Les souvenirs de Leï lui revenaient progressivement, ces évènements avaient bien eu lieu. Son père, qui travaillait pour le roi Kili, devait partir en mission ce jour-là et elle avait eu un mauvais pressentiment en retrouvant dans la neige son pendentif porte-bonheur. Elle avait pensé que plus jamais elle ne le reverrait.

Alors qu’elle pleurait, agenouillée au milieu de la rue enneigée, serrant contre sa poitrine le précieux bijoux, une ombre inquiétante apparaissait au coin d’une ruelle : celle d’une bête sauvage. Prise de panique, Leï voulut attirer l’attention de l’enfant, mais rien n’y faisait. Elle ne pouvait ni la voir ni l’entendre.

Les yeux de l’ours qui approchait à pas lents, reflétaient Gaëa qui était pleine cette nuit. En relevant la tête, la jeune Leï fut pétrifiée par la vision de l’animal et elle ne pu esquiver le lourd coup de patte qui la projeta contre le mur, sous le regard impuissant de la jeune femme. La créature s’apprêtait à donner le coup de grâce mais soudain, alors que la rue s’assombrissait et sans que Leï ne comprenne pourquoi, l’animal stoppa son mouvement et poussa un terrible hurlement. Tout à coup, un cercle noir apparut devant Leï d’où sortit une main mystérieuse accompagnée de la voix d’Aya :

« Ce rêve est trop dangereux, viens vite ! »

Sans prendre le temps de réfléchir, Leï attrapa la main.

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